mercredi 16 décembre 2009

Oscar Wilde au Père Lachaise : une statue à l'image de sa vie.

Entourée par d'autres noms à la renomée non moins grande, la tombe d'Oscar Wilde au cimetière du Père Lachaise est ornée d'une statue érigée en son honneur en 1912. Non seulement la statue n'est pas là depuis la mort de l'écrivain anglais (1854-1900) mais en plus elle n'a pas toujours été telle qu'on peut l'admirer aujourd'hui.


La relation qu'Oscar Wilde eut avec Paris est proche de l'histoire d'amour. Pourtant, on pourrait croire que Paris ne lui a pas rendu la pareille. À sa mort en 1900, Oscar Wilde est enterré dans un petit cimetière de la banlieue parisienne. Seulement, une douzaine de personnes font le déplacement dont le gérant de l'hôtel d'Alsace où l'auteur a passé ses dernières années.

Oscar Wilde considérait Paris comme un lieu hautement intellectuel où il pouvait trouver des modèles, des sources d'inspirations et de jeunes esprits à former. Il n'était pas rare de le trouver en plein travail vêtu de la même manière que Balzac. Il semble qu'il pensait comme son ami anglais Sherard rencontré à Paris et qui disait : « la plus grande abondance de brio anglais n'apparaît à un français que comme la petite monnaie de l'esprit ». Oscar Wilde s'est dit plus reconnaissant de la courtoisie qu'on lui témoignait à Paris que de sa notoriété à New York ou à Londres.


L'histoire de la statue d'Oscar Wilde au Père Lachaise reflète très bien son passage dans la capitale. À la fois esthète et provocateur, il privilégie la capitale française que ce soit pour le travail ou pour le plaisir. À son arrivée, il fut admiré par les intellectuels français tels que André Gide, Stéphane Mallarmé ou Pierre Louÿs. D'où la construction d'une statue. Puis, après des comportements encore trop libéraux pour son époque et des opinions opposées aux mouvements intellectuels de la haute société, il fut dénigré et censuré. De même la statue d'Oscar Wilde qui le représentait à l'origine nu, fut modifiée par l'administration française qui fit mettre un écriteau en guise de feuille de vigne. Plus tard, alors que l'oeuvre et le personnage était enfin reconnu, on fit enlever l'écriteau pour retrouver l'oeuvre originelle.


La liaison qu'Oscar Wilde entretint avec Paris était telle qu'il écrivit une pièce en français : Salomé, tragédie en un acte. Elle sera jouée pour la première fois à Paris en 1893 après avoir subi la censure à Londres. À cette occasion, Oscar Wilde menace de quitter définitivement le Royaume-Uni et de prendre la nationalité française. « J'attends avec ravissement de voir Mme [Sarah] Bernardt présenter ma pièce à Paris, centre vivant de l'art » dit-il. Paris était pour lui la meilleure source d'inspiration et le premier lieu de vie des arts mais la ville n'a réellement reconnu son art qu'après son décès.

C'est en 1909, neuf ans après sa mort, qu'un don anonyme fait à l'administrateur testamentaire de l'auteur permettra de déplacer les cendres d'Oscar Wilde au cimetière du père Lachaise.


Sources : The Complete letters of Oscar Wilde publié par Henry Holt et Oscar Wilde à Paris d'Herbert Lottman


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