jeudi 29 janvier 2009

QUAND DÉFRAYER LA CHRONIQUE FAIT DE VOUS UN ROMANCIER À SUCCÈS

Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq

      Si l'on en croit les nombreux résumés des Particules élémentaires, ce livre est une chronique noire et cynique du déclin de notre civilisation et a pour but de donner une image très globale de cette civilisation. Rien de vraiment très original, surtout lorsque ce thème est articulé par la recherche non avouée de l'amour idéal par deux êtres très proches mais très opposé. Ainsi, ce sont deux demi-frères qui évoluent de manières opposées dans une même société supra individualiste et qui traitent très différemment le même problème : celui  des rapports humains.
    Le problème de l'auteur est non seulement de ne pas traiter de thèmes originaux mais en plus de le faire de manière maladroite. D'abord parce que l'oeuvre entière est teintée d'oppositions qui en font une trame pratiquement incohérente. L'auteur dessine pour nous une société digne d'un dépressif suicidaire désillusionné; c'est le « style » qui est supposé jalonner l'oeuvre. Malheureusement, tout ces jalons posés sont totalement détruits par la fin de l'oeuvre qui propose une espèce de solution idéaliste sous le principe de « y a qu'à » qui ne peut pas entrer en continuité avec le reste de l'oeuvre. Un « style » peut être cynique et noir, voire dépressif, s'il n'a pas de solution, dans le cas contraire la trame de fond du livre devrait être l'espoir ou éventuellement la lutte. D'autre part, sans verser dans l'analyse psychanalytique, il est clair que les deux personnages principaux, Michel et Bruno, font de l'oeuvre un roman fortement autobiographique. Ce qui implique donc que l'auteur ne se considère pas en dehors de la société qu'il dépeint ou mieux encore qu'il considère en être l'illustration parfaite. Pourquoi pas? Rien n'empêche un auteur de se représenter comme il l'entend. Mais dans ce cas, il ne peut écrire un livre où à la fois le style et les idées portent à croire que son jugement de la société lui est possible grâce à son recul et son décalage. Même si l'on en reste au titre « les particules élémentaires », il semble que celui-ci veuille pointer du doigt que, même pour deux êtres diamétralement opposés, les éléments principaux de la vie sont les relations entre les hommes  mais, paradoxalement, l'auteur nous propose de remédier à ce « problème » grâce à l'illusion puis à l'extinction de la race humaine ; Pauvre théorie.
    Pourtant, ce livre doit avoir un intérêt tout particulier puisqu'il a non seulement connu un succès conséquent chez les lecteurs mais il a en plus remporté un prix (le prix novembre). Peut-être trouvera-t-on la réponse dans l'écriture de l'auteur ? Il semble que cette écriture soit qualifiée par l'auteur de : poétique, absurde et sans style (là encore, la contradiction est de mise); et par la critique de : crue, clinique, cynique ou encore perverse. Il y a là un léger souci de décalage, n'est-ce pas ? Et puis, il n'est pas nécessaire d'aller dans la critique pour froncer les sourcils sur le style de Houellebecq, il suffit de l'entendre lui-même : « j'essaie de ne pas avoir de style ; idéalement, l'écriture devrait pouvoir suivre l'auteur dans les variétés de ses états mentaux, sans se cristalliser dans des figures ou des tics », « il reste que certains états mentaux semblent m'être assez spécifiques : en particulier celui qui se traduit par l'énoncé de proposition anodines, dont la juxtaposition produit un effet absurde. ». Il n'y a pas beaucoup à redire de cette technique ci ce n'est qu'elle ne lui est pas particulière et qu'il n'en est certainement pas le meilleur exemple. Ne citons que Kafka ou Céline, mais bien d'autres encore ont eu ce même recours.
    Si les particules élémentaires ne trouvent pas leur succès dans leur style ni dans le fond, ce doit être autre part. Peut être  dans le cadre, les personnages qu'il nous présente ? Apparemment pas. Les personnes sont banales, les descriptions sont simples, cliniques, les dialogues n'ont rien de très intéressant. Une qualité qui peut être attribuée au livre est le fait que se roman qui raconte une vie s'étend chronologiquement de la fin du XIXème siècle à 22029 ce qui montre bien qu'une vie n'est pas définissable seulement par son présent mais aussi par son passé et son avenir : ses influences et ses impacts. Mais là encore l'auteur entre en contradiction avec ses propres théories puisque pour lui, l'homme est entré dans un tel cycle d'individualisation que plus rien n'a d'impact ni d'intérêt pour rien.
    En conclusion, il apparaît qu'un roman, pour connaître le succès, n'ait qu'à soulever a controverse et à faire parler de lui, que ce soit en bien ou en mal.

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