lundi 23 février 2009

COMMENT FAIT-ON LES BÉBÉS ? La pédagogie au quotidien

    Tout parent semble envisager la confrontation à cette question comme une épreuve insurmontable, cependant elle n'est pas différente des milliers d'autres questions qu'un enfant se pose chaque jour. Lorsqu'il a découvert qui il est et l'ensemble des sens qui lui permettent d'appréhender l'extérieur, l'enfant se tourne vers le reste du monde et se pose de nombreuses questions auxquelles il espère bien que ses parents sauront répondre. C'est un grand sujet d'angoisse pour les parents qui pensent devoir élaborer des stratégies pour que l'enfant soit satisfait et passent le plus vite possible à  autre chose.
    Cependant, la méthode n'est pas la bonne. Un enfant perçoit bien mieux que ce que l'on pense la façon dont on s'adresse à lui. La cigogne, le choux ou la rose sont rapidement pour l'enfant des images qui cachent la vraie réponse. Alors, l'enfant va poser la question à d'autres qui vont faire d'autres réponses aussi imagées et loin de la vérité. Avec les différentes réponses qu'il aura eu, l'enfant compose une  vérité qui lui est propre grâce aux différents éléments de réponse qu'il a pu distinguer dans chaque histoire qu'on lui aura racontée. Voilà ce que ça peut donner : «  papa a élevé une cigogne pour qu'elle donne à maman une rose dans laquelle il y a une graine qui va aller dans le ventre de maman et qui, en poussant, deviendra un bébé ». Comme quoi les enfants sont capables d'analyse et de compréhension malgré toutes les bêtises qu'on peut leur raconter.
    Pour chaque question que pose un enfant, l'important est bien plus la manière de répondre que la réponse en elle-même. Il n'est d'ailleurs pas rare qu'un enfant n'est pas beaucoup d'intérêt pour la réponse. Ce qui l'intéresse, c'est de tester ses parents. Les parents doivent être des personnes sur qui on peut toujours compter, ils ne doivent pas faillir aux difficultés. Toutes ces questions peuvent être des sortes de tests. Du moment que les parents savent apporter une solution honnêtement, sans se défiler, l'enfant est satisfait, même si la réponse révèle à l'enfant que ses parents ignorent la réponse.
    Le succès de la publicité de lactel « dis papa, qu'est-ce qu'il y a dans cette bouteille de lait ? » repose sur l'identification du père de la publicité aux parents de nombreux foyers. Devant une question "aussi délicate" que « comment fait-on les bébés ? », le père préfère revenir sur quelque chose de bien plus simple; mais la difficulté est la même quelque soit la question puisque le but est le même : assurer à l'enfant qu'on est capable d'apporter une réponse satisfaisante à tout les problèmes.
    La question « comment fait-on les bébés ? » semble plus délicate parce qu'elle touche des sujets délicats dans notre société d'adulte. L'enfant n'a pas encore intégré ces tabous et ne fait donc pas de distinction entre la composition d'une bouteille de lait et la réalisation d'un bébé. C'est pourquoi la réponse apportée doit être sur un même niveau. Il n'y a pas de raison pour l'enfant qu'une question apporte comme réponse « c'est une vache qui fabrique du lait à qui on le prend et qu'on met dans des bouteilles » et qu'une autre donne « demande à ta mère ». ce n'est bien sûr pas une raison pour justement rompre ces tabous et donner naturellement une réponse exacte et crue. Là encore, ce n'est pas le contenu de la réponse qui importe mais bien la manière de répondre. L'enfant doit sentir que le sujet est différent et pas anodin mais il doit quand même avoir une réponse satisfaisante.
    L'important est de mettre en place un cadre de parole distinct des autres types de conversations de façon à ce que l'enfant fasse de lui-même la distinction. Il n'y a pas de formule magique, c'est simplement le mode de discours qui fera que l'enfant sera satisfait de la réponse et comprendra qu'il y a une différence entre les conversations sur les produits laitiers et celles sur le sexe. Cependant, il n'hésitera pas, plus tard, à poser les questions qui le tracassent sur les sujets dits "tabous" si il a pu, auparavant, se sentir écouté et soutenu par ses parents sur ce type de sujet. Sans cette mise en confiance, l'enfant risque d'aller chercher les réponses seul et certainement pas de la meilleure des manières.
    D'autre part, pour assurer l'enfant de la "solidité" de ses parents, il faut dans tous les cas qu'ils lui apportent une réponse unifiée, il est donc également très important qu'il n'y ait pas de dissonance entre le discours paternel et le discours maternel.

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