mercredi 4 mars 2009

AGNÈS ET CLOTAIRE

Clotaire était le fils d'un marchand,
Il passait sa journée en marchant.
De contrée en contrée il allait au vent,
Voyageant dans une voiture à auvent.
Il vendait des étoffes et des toiles
De bon matin et sous le ciel d'étoiles.
 
Agnès était la septième fille du conte,
Il n'avait eu un fils qu'au bout du compte.
Aucune des filles n'était mariée,
Mais toujours autour du mât riaient.
Les filles étaient jolies à croquer
Et les artistes aimaient, sur la toile, les croquer.

Un beau jour Clotaire vint à voir une des peintures,
Que des vendeurs de pains eurent
Contre une miche qu'un peintre avait mangé.
«Il semble qu'elles sont des femmes-anges et
J'aimerais savoir dans quelle contrée
Je pourrais bien les rencontrer.»

On rit beaucoup de son émerveillement
«Cette toile de merveille ment,
Sept soeurs ne sauraient être aussi belles.»
Fut ce qu'on lui dit à force décibels.
Mais le marchand ne l'entendait pas de cette façon
Et doutait qu'elles puissent être des contrefaçons.

Après s'être longuement renseigné,
Après avoir croisé une armée dont tout un rang saignait,
Après maintes et maintes aventures,
Dont vous ne voyez que la devanture,
Après que son père lui conseille d'ouvrir une boutique à son compte,
Clotaire arriva devant le château du conte.

Il informa un féal qui vivait là,
Dont la femme était à la fois vive et las,
De sa volonté de venir et de faire quelques temps séjour.
Quand il en sut la cause, l'ami lui fit miroiter la fin de ses jours.
Le conte ne le laisserait jamais approcher ces filles,
«Pour toi mon ami, cette histoire c'est fi!».

Mais notre Clotaire était fort têtu
Et même si en entendant cela il s'était tût,
Il ne comptait pas laisser tomber.
Il choisit sa plus belle toile de ton baie
et y découpa de nombreux morceaux,
Son père fut fâché :«pour cela tu pourrais être mort, sot!».

Clotaire en plus de ses travaux de couture
Dû rembourser les pièces de tissus dont le coût eurent
tôt fait d'être rendu par les bénéfices qu'aurait la future pièce.
Cependant, alors que Clotaire coupe, coût et rapièce,
Les belles filles du conte en peu de temps se marient
et notre homme désespéré se dit : «Je suis marri!».

Mais seules cinq reçoivent d'un mari l'anneau,
Les deux plus jeunes sont toujours à l'âge de l'agneau.
Elles ont encore quelques années à rire;
ce qui permit à Clotaire de na pas tarir
d'efforts. Il reprit son méticuleux travail,
Sans peur que les racontars vaillent.

En effet, d'autres gens prétendaient encore
Que les filles n'étaient belles ni en tête ni en corps.
Même s'il savait que c'était pour le décourager
Clotaire ,en lançant des coups, rageait.
Il ne souffrait pas d'entendre ses belles bafouées,
Et bientôt on craint les baffes houées.

La robe qu'il confectionnait était filée d'or
Et de perles que les filles adorent.
Un jour son père vint à son chevet
Alors qu'il allait bientôt achever.
«On célèbre au château un nouveau mariage,
C'est celui de Marie-Ange.»

Marie-Ange était la sixième des sœurs
Et Clotaire sût qu'elle n'était pas son âme-sœur.
En effet, elle épousait un homme pour sa fortune.
Il dit dans ses derniers efforts : "une
Seule me reste et c'est bien parce qu'une seule m'ira,
Et sans doute elle m'aimera quand la robe devant ses yeux mirera."

Un beau jour la robe enfin fut faite,
Et dans le cœur de Clotaire se fut fête.
Il revêtit son plus beau costume,
S'habilla selon les us et costumes.
Il avait protégé la robe d'un voile
Pour que seule Agnès ne la dévoile.

On avait organisé un bal
on sortait couverts et timbales.
Quand Clotaire s'enquit de la raison,
Il crût perdre la raison.
On préparait les noces
de celle pour qui il s'était même abîmé un os.

Il voulut quand même offrir la robe et
Il apprit alors qu'elle avait été dérobée.
En pleurant toutes les larmes de son corps
Il entendit un soldat qui soufflait dans son cor.
L'homme annonçait la maladie du fiancé et son décès.
«C'est un signe, la première robe n'était qu'un coup d'essai.»

Clotaire se remit au travail de toutes ses forces
Car c'est en une seule nuit qu'il s'efforce
De refaire la robe qu'on lui a volé.
Au moment même où le champ du coq s'envolait,
Clotaire terminait le dernier point du dernier fil.
«C'est décidé cette fois-ci je file!».

Arrivé devant la porte de la belle
Il ne put s'empêcher d'en lire le label :
«Quiconque entrera dans cette pièce
S'il  veut m'aimer terminera en pièces.»
Mais Clotaire avait fait trop de route
Pour qu'une menace ne le déroute.

À peine entré il dévoila sa volonté
Et en levant les yeux, découvrit le vol éhonté :
Agnès portait la première robe faite,
qu'elle avait elle-même dérobée en fait.
Mais quand enfin leurs yeux se croisèrent
ils s'aimèrent et partirent en croisière.

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