jeudi 19 mars 2009

RÊVE DE GRÈVE

    Aujourd'hui, la France est en grève et les trois quarts des français semblent la soutenir. Une sculpture de l'Europe en clichés représente la France avec une large banderole de manifestation (David Cerny, Entropa), comment pourrions-nous nous en indigner quand se dessine en France une telle ferveur pour les grèves ? Ou peut-être devrions-nous faire une manifestation pour montrer notre désaccord sur ce sujet ?
    Aujourd'hui, la cause principale des grèves est un mécontentement, une indignation générale contre le gouvernement ou  plus exactement contre le président de la République. Et il paraît normal à tous les français de lutter simplement contre une institution et une personne qu'ils ont eux-mêmes choisie. La différence entre l'anarchie et la démocratie est que dans un cas chacun agit à on bon vouloir et dans l'autre chacun se mobilise pour choisir les personnes qui feront de leur mieux pour le pays. Comme si nous y connaissions quelque chose, il nous apparaît que toutes les décisions du gouvernement sont mauvaises et ne servent que les intérêts des entreprises et de l'économie. Parce  que c'est bien connu : enrichir un pays ne peut que le couler et nuit forcément au peuple qui l'habite, regardez les américains !
    Les libertés d'expressions ont toujours permis aux français de s'exprimer, de dire au gouvernement quelles étaient leurs revendications pour qu'il essai au maximum de les mettre en place. Cependant, aujourd'hui les grèves se sont transformées en un immense bloc de boudeurs qui ne souhaitent pas expliquer leurs revendications mais simplement exprimer leur mécontentement général. On ne peut pas critiquer un système si on ne sait pas comment faire autrement. Je doute que tous ceux qui sont descendus aujourd'hui dans la rue proposent au gouvernement un autre moyen de régler les conflits et les problèmes actuels de la France.
    On ne réforme pas un pays en deux jours, il nous est donc impossible de critiquer un processus qui n'est même pas entièrement mis en place, comment pourrions-nous en envisager les résultats ? L'immense "non" qui avait retenti au moment du référendum sur la constitution européenne est aujourd'hui regretté par un certains nombre de personnes qui avaient pourtant réfuté en bloc ce projet en 2005. Ce n'est qu'après coup, qu'il a paru évident que les français n'étaient pas qualifiés pour prendre ce genre de décision. N'en serait-il pas de même pour  un certain nombre des réformes actuellement mises en place ?
    Il faut savoir que vouloir réformer la France revient à vouloir jouer la septième sonate de Prokoviev au piano les yeux bandés. Chaque pas est longuement critiqué, mais si le pas n'est pas fait, l'inaction est également détaillée, critiquée, analysée, démontée. Une édition spéciale du Point pose la question suivante : "Qu'est-ce qui définit l'esprit français, hormis l'arrogance et un orgueil mal placé ? ". Et voici ce qui ressort de la réponse de tout les chercheurs, journalistes et sociologues qui ont tenté de répondre à cette question : "une manière de penser et d'être qui conjugue l'esprit critique et le goût de la fronde à l'engagement, où la pensée se veut moins système que dialogue entre les disciplines, où la langue se doit d'être claire, et si possible élégante, incisive et brillante". Devant une telle définition, il n'est pas difficile d'imaginer qu'il soit difficile de faire quoique ce soit dans notre pays.
    Diriger un pays comme la France est extrêmement délicat et nécessite des connaissances et des facultés que ne possède évidement pas le français de la rue. Comment, alors, se permet-il de remettre en cause la totalité des actes du gouvernement. Rappelons d'ailleurs, que ce gouvernement ne s'est pas auto-proclamé et que si il dirige aujourd'hui, c'est parce que les français l'ont choisi. Évidemment, ça ne donne pas à ce dernier le loisirs d'agir comme bon lui semble et uniquement selon son propre intérêt. Mais est-ce vraiment ce qui se passe actuellement ? Et sommes-nous à même d'en juger ? Avant même de se poser cette question, la France est dans la rue, ferme et résolue, de front contre le pouvoir ; Ce pouvoir, mauvaise engeance, source de malheur et de malédictions, qu'il faut immédiatement éradiquer  avant qu'il ne soit trop tard. La France s'indigne contre le pouvoir comme un adolescent contre ses parents et elle en perd du même coup sa fierté et sa crédibilité au niveau international.

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