mardi 24 mars 2009

MISE EN ABÎME

Un mardi matin, un café, un canapé, un ordinateur, rien de plus pour le moment.

Depuis la veille, cet instant est attendu. Depuis la veille, les questions ont fusé dans mon esprit : "Qu'est-ce que ce sera cette fois ? Y aura-t-il une consigne particulière ? Aurais-je une idée tout de suite ?". L'écran de mon ordinateur est ouvert, je presse le bouton de démarrage et j'attends. L'écran s'éclaire, le petit sablier tourne et j'attends. La connexion internet s'active, la page d'accueil se charge et j'attends. Dans mes favoris, un onglet : Atelier d'écriture personnalisé. Et la page s'ouvre enfin pour laisser apparaître le sujet du jour : « Sujet 44. L'atelier d'écriture personnalisé »; un sourire en coin naît sur mes lèvres : "moi aussi j'y avais pensé, encore un sujet totalement différent...".
Bureau → accessoires → traitement de texte : page vierge. Quelques minutes passent, la page reste blanche mais mon esprit la remplit virtuellement. J'imagine les phrases et les mots écrits sur cette page, je visualise, j'efface, je recommence, j'essaie de trouver autre chose. Il me faut un style particulier, il me faut quelque chose à dire, il me faut un point de vue qui dira ce que j'aurais à dire. Il me faut une première phrase qui définira le tout et guidera le reste.
J'avale mon café à petites gorgées, toujours fixée sur cette page vierge en quête des bons gestes pour la remplir. Je suis comme un peintre devant une toile blanche attendant de trouver comment peindre ce qu'il voit. Il pourrait la laisser blanche bien sûr, dans une sorte de snobisme d'artiste qui n'aurait en fait que cherché à écarter la difficulté. Il pourrait également la peindre uniformément d'une seule couleur, pour faire du remplissage mais là encore il fuirait la difficulté. Alors il reste là, devant sa toile, attendant une idée. Je fais de même.
Il me faut 4500 caractères, soit à peu près 700 mots, qui auront pour thème : l'atelier d'écriture personnalisé. Il s'agit seulement d'un thème, rien ne m'oblige à ce que le texte décrive cet atelier; je pourrais imaginer quelque chose de complètement différent mais qui s'appellerait aussi « atelier d'écriture personnalisé », un peu comme je l'ai fait pour « le marché de l'édition en Argentine ». Cependant, c'est justement quelque chose que j'ai déjà fait. Alors je ne sais pas, j'essaie de revenir à la première chose qui m'est venue à l'esprit quand j'ai découvert le sujet. Il y avait quelque chose, je m'en souviens. Je parlais à la première personne, pour changer un peu. C'était simple, tout à fait clair. J'essaie quelques mots, ils se suivent, ils sonnent correctement, poursuivons.
J'attends. Il faut que j'arrive à déchiffrer quelle direction ces premiers mots me donnent. Faut-il que mes phrases soient entrecoupées, saccadées; faut-il aller au plus simple, dans la légèreté, dans un style "sujet-verbe-complément"; tout ceci est encore un mystère. Je termine mon café.
Enfin, je suis partie. Les mots se suivent à peu près régulièrement, sans pause. Les points, les virgules et la musique dans mes oreilles rythment ma frappe. Je ne suis sure de rien mais pour l'instant j'y vais, si ça me mène quelque part, je suis ravie d'y aller. Le téléphone sonne, je réponds. Cette pause forcée vient à point. Si en raccrochant et en revenant au texte je peux le continuer sans soucis, il y a de fortes chances pour que le texte fonctionne; dans le cas contraire, il faudra que je trouve autre chose. Si, moi-même, je ne suis pas "accrochée" par mon début, je ne vois pas comment un lecteur le serait ! Je raccroche. Tout va bien, il m'a suffit de relire une phrase pour que le reste vienne.
Me voilà à un stade très délicat. Il ne me reste que quelques caractère, l'équivalent de deux paragraphes. Est-ce que je dis autre chose que je fais tenir dans ces deux paragraphes ? Ou est-ce que je peaufine ce que j'ai déjà dit pour remplir ces deux paragraphes ? La réponse me vient sans difficulté alors que je formule ce problème sur papier : c'est la forme qui doit servir le fond et pas l'inverse. Il n'est pas sensé que ce soit le contenu de ce que je dis qui remplisse le contenant, c'est le contenant qui doit prendre la forme du contenu. Il me faut donc dire quelque chose. Une fois ceci fait, il me reste une partie très pesante : la relecture. Il faut que chaque phrase soit solide, que toutes soient reliées de façon fluide et enfin que le tout soit harmonieux et équilibré.
Enfin, il ne me reste qu'à trouver un titre, envoyer mon texte et le voir publié instantanément sur le blog où j'avais découvert mon sujet quelques heures plus tôt.

1 commentaire:

  1. Pas mal.
    C'est un style dans lequel tu es particulièrement à l'aise.
    Travaille-le, en cherchant petit à petit à t'éloigner de toi.

    Quelques remarques en vrac :

    - La comparaison avec le peintre est moyenne.

    - "tout ceci est encore un mystère" : inutile.

    - "Enfin, je suis partie." : idem.

    - "Ou est-ce que je peaufine ce que j'ai déjà dit pour remplir ces deux paragraphes ?" : je ne comprends pas.

    - "Il n'est pas sensé que ce soit le contenu de ce que je dis" : très, très laid.
    Tu ne peux pas laisse passer ça à la relecture.

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